Les monstres en parade :
Picasso, Fellini et l’Antiquité revisitée
Audrey Norcia • 27 mars 2015
Audrey Norcia • 27 mars 2015
Fellini avait pris l’habitude de noter et d’illustrer ses rêves sur les conseils de son analyste jungien. Dans Il Libro dei sogni, le volume qui réunit ses dessins, Picasso apparaît trois fois : les traits caricaturés en un masque simiesque, l’expression à la fois amicale et paternelle. Pour le réalisateur, le peintre est « une source » qui « habite dans l’imaginaire onirique des artistes comme le symbole de quelque chose de nourrissant ». L’admiration de Fellini pour Picasso est profonde, les affinités palpables. L’un et l’autre exposent l’intime, partagent un même plaisir des chairs et vibrent des mêmes pulsions archaïques : c’est dans la collision avec l’Antiquité la plus reculée, la plus primitive que s’épanouissent et se rencontrent ces deux extraordinaires inventeurs d’images. Nous proposons un parcours visuel fait de surimpressions, de transpositions et d’équivalences plastiques où le cinéma fellinien explore la mythographie picassienne pour décrire le spectacle dionysiaque de la vie.
Following the advice of a Jungien analyst, Fellini had a habit of recording and illustrating his dreams. In Il Libro dei sogni, the book in which he published these dreams, Picasso appears three times, his features caricatured in a mask of a monkey that is both friendly and paternal. For the director, the painter is “a source” who “lives in the imaginary dreams of artists as the symbol of something nourishing.” The admiration of Fellini for Picasso is profound, and their affinities are palpable. They both expose what is intimate, sharing a pleasure for flesh and vibrating with the same archaic impulses. It is in the collision with the oldest and most primordial antiquity that these two extraordinary inventors of images both thrive, and intersect. This talk presents a visual journey in layered imagery, transformation and visual correspondence, where Fellinian cinema explores Picassian mythology in the expression of the Dionysian spectacle of life.
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Docteur en histoire de l’art, Audrey Norcia a soutenu en 2013 à Paris-I, sous la direction de Philippe Dagen, une thèse qui interrogeait les relations entre l’art contemporain et l’archéologie depuis les années 1950. Cette recherche, à paraître en 2016 aux Presses du réel, se poursuit au travers de son approche interdisciplinaire qui l’amène à investiguer d’autres champs d’étude esthétique (cinéma, littérature, danse) mais aussi d’autres sciences humaines (archéologie, anthropologie, psychologie). Dans ce sens, l’auteur coordonne deux ouvrages à paraître (avec Michaël Jasmin, Des temps qui se regardent : dialogue entre l’art contemporain et l’archéologie, Actes Sud-Errance ; avec Cécile Barbier, La Trace. Regards croisés d’ergonomes, archéologues et historiens d’art, L’Harmattan). Audrey Norcia est actuellement membre associé de l’équipe HiCSA-CPC (Paris-I) et du groupe de recherche « Pour une histoire universelle des ruines » piloté par Alain Schnapp. Elle a été conseillère scientifique de la partie contemporaine de l’exposition « La Forza delle rovine » (Rome, Palazzo Altemps, 7 octobre 2015-31 janvier 2016). Elle est l’auteur de plusieurs articles ayant trait aux relations qu’entretiennent l’art et l’archéologie aux xxe-xxie siècles ainsi qu’à la présence de l’Antiquité dans la création actuelle, notamment dans la photographie et le cinéma italiens.
Audrey Norcia received her PhD in Art History in 2013 from the Université Paris-I, and produced, under the direction of Philippe Dagen, a thesis that explores the relationship between contemporary art and archeology since the 1950s. This research, which will be published in 2016 in the Presses du Réel, takes an interdisciplinary approach that investigates other fields of study in the arts, including cinema, literature and dance, as well as the scientific disciplines of archeology, anthropology and psychology. Two forthcoming books–with Michaël Jasmin, Des temps qui se regardent–dialogue entre l’art contemporain et l’archéologie, Actes Sud-Errance; with Cécile Barbier, La Trace–Regards croisés d’ergonomes, archéologues et historiens d’art, L’Harmattan–will further explore these topics. Norcia is currently an associate member of the team HiCSA-CPA (université Paris-1) and of the research group “For a universal history of ruins” directed by Alain Schnapp. She was scientific counselor for the contemporary portion of the exhibition La Forza delle rovine (Rome, Palazzo Altemps, 7 October 2015-31 January 2016). She is the author of numerous articles concerning the relationship between art and archaeology of the 20th and 21st centuries, as well as the presence of antiquity in modern art, especially in Italian photography and cinema.