Intervention de l’artiste Pierre Moignard

Pierre Moignard • 27 mars 2015

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BIOGRAPHIE/BIOGRAPHY

 

Pierre Moignard, né en 1961 à Tébessa en Algérie, vit et travaille à Paris. À ses débuts, la première exposition qui impressionne Pierre Moignard durablement est celle de Manet au Grand Palais en 1982. En 1987, il participe, avec deux autres artistes, à une exposition au musée national d’Art moderne – Centre Pompidou à Paris qui restera dans les annales comme le dernier scandale artistique à Paris, et où il présente un grand nombre de tableaux ayant la Bible pour prétexte iconographique. Peints rapidement avec un système de croisillons aux couleurs vives, ces tableaux se veulent une réponse juvénile et iconoclaste en réaction aux pratiques dominantes de l’art de son temps. En 1990, il s’installe à Paris où il entreprend, entre autres, deux séries jusqu’en 2001, la série (autoportraits), tableaux de petits formats et de même taille conçus paradoxalement selon une volonté d’excéder la posture formaliste, et la série Compossibles, tableaux que la critique rapprochera étrangement de Francis Bacon. Le Centre Pompidou présente en 1994 les (autoportraits), et l’année suivante Pierre Moignard a sa première exposition personnelle dans une galerie parisienne où il présente les Compossibles.

Au tournant du millénaire, Pierre Moignard séjourne régulièrement à Venice, Californie, où la vision des homeless couchés sur la plage lui révèle le devenir pictural de ses recherches sur les Compossibles. Il conçoit, alors, des tableaux organisés comme de nouvelles propositions scéniques (série Beach) et, dans le même temps, ses (autoportraits) laissent place à de sarcastiques Pourquoi-moi, portraits d’ânes à mi-chemin entre Shreck et Les Vieilles de Goya, sous les auspices de l’âne Boronali, le saint patron de la peinture moderne. Les tableaux de la série Beach transforment la surface picturale en plage, sorte de parodie d’un redéploiement illusionniste qui fait de la plage jaune sale une scène où se déverse le trop-plein de la consommation. La plage encombrée de Venice, Los Angeles, est familière à Pierre Moignard. Il l’a arpentée obstinément, entre 2006 et 2009, pour saisir la matière filmique de son premier film Who Chooseth Me, Notes for the Merchant of Vegas : la comédie de William Shakespeare Le Marchand de Venise tournée et renouvelée dans l’Amérique d’aujourd’hui, entre Venice Beach et le casino Venetian de Vegas où les décors parviennent à une nouvelle forme de réalité. Pierre Moignard travaille et reconduit cette réalité, où « le vrai est ce qu’il peut ; le faux est ce qu’il veut », dans la série de tableaux Découverte (2009-2012) pour lesquels il délègue la réalisation de « la toile de fond » du décor-Vegas à des peintres décorateurs pour y projeter de manière intempestive des figures « arrachées » à la peinture de Manet, Hopper, Goya ou issues de simples photos… Son premier film et ses découvertes ont fait l’objet d’une exposition au Mamco de Genève en 2010, simultanément une pièce de cette série Découverte est montrée dans l’exposition « Dreamland’s » au Centre Pompidou. En 2013 un ensemble de 48 (autoportraits) est présenté dans le nouvel accrochage des collections du musée d’Art moderne de la Ville de Paris.

Pierre Moignard réalise Holyland Experience (2011-2014). Ce film, qui porte le nom du parc d’attractions d’Orlando dont le thème historique est dédié à la vie de Jésus, conjugue de manière savante et carnavalesque la phénoménologie du décor de ce parc et la trame narrative du film de Carl Dreyer, Ordet.

Actuellement, Pierre Moignard travaille sur deux films. Le premier a été tourné en 2015 à Mexico, et le titre : C’est quoi l’art pour toi – Les chercheurs d’art à Mexico peut rendre compte de la recherche de ce film. Le titre du deuxième pourrait être Joueur de Paris/Paris du joueur. Par ailleurs, Pierre Moignard multiplie ses expériences au travers de plusieurs séries de peinture : Made, Holyland, Images doubles

(communiqué de l’artiste)

 

Moignard was born in 1961 in Tebessa, Algeria. His paintings in the 1980s slapped Seurat’s technique onto Rubens’ or Caravaggio’s iconography. This stylistic mash-up indicated deeper dialectics, that of the myth and the secularization, of faith and nihilism, of art and consumerism. In 1987 he participated, along with two others artists, in a show at the Musée national d’art moderne / Centre Georges Pompidou in Paris known as the last scandalous exhibition in Paris. It was a radical attitude against the practical art that made the mainstream. In Paris where he completed, over a period of ten years from 1990-2000, two programmatic series: the first one is an important series of self-portraits, each of them made in the same small size conceived as a paradoxical maximal formalism posture, and the second series consists of Compossibles who’s several criticism had established a parallel with Bacon. In 1994, the Centre Pompidou showed the self-portraits, and the same year, he had first solo show in gallery exhibiting the Compossibles pieces. At the turn of millennium, Moignard stayed in Venice California. A trigger, a vision of the homeless lying in sleeping bags in Venice Beach brought a new image and, mist significantly, a new context to his painting. The “thing” offered the almost ideal image of the future pictorial development of the human morphology and he conceived around a new scenic proposal. At the same time, his self-portrait became sarcastic’s donkey as the Boronali’s donkey, patron saint of modern painting. He made his first film, Notes for the merchant of Vegas (2006-2009), a comedy by Shakespeare shot in the present day United States in which the setting becomes the most important character of the film, namely Venice beach and Las Vegas. The film was shown alongside a new series of paintings, Découvertes, in a personal exhibition entitled: “Who Chooseth Me” (Mamco, Geneva, 2010). Another piece of the Découvertes series was showed at the same time at as part of Dreamlands, the famous exhibition at the Centre Georges Pompidou. He directed a second film, Holyland Experience (2011-2013) in Orlando, Florida, a disturbing and unique movie. Shot in an eponymous theme park located in Orlando, the movie, ironically, must play the same game of attractions and entertainment offered to the crowd for evangelistic purposes.

(the artist’s statement)

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